vendredi 8 février 2008

R comme Rouzeau Remercier Rostand

« La poésie est une réponse qui interroge » disait Eugène Guillevic, c’est ainsi que moi-même je présente souvent ce qui constitue sinon ma vie du moins mon « art de vivre » aux publics qui m’accueillent. Ce lundi 4 février 2008, j’ai eu la chance d’être reçue au lycée Jean Rostand de Roubaix où j’ai rencontré le matin des jeunes gens en BTS « son et ingénierie » - plus une jeune fille s’étant ajoutée au groupe et dont je ne sais de quelle classe elle venait, une classe de terminale sans doute puisqu’on a pu évoquer ensemble quelques minutes l’épreuve du bac de français - et l’après-midi des jeunes gens en classe de première « S. V. T. » c’est-à-dire « sciences de la vie et de la terre ». J’avais reçu à l’automne une invite de la documentaliste Sylvie Dupuys, visité l’attrayant site internet du lycée et choisi de déroger pour le plaisir de l’exception à ma règle de cette année de ne pas aller à l’école, de ne pousser la porte d’aucun établissement scolaire. Je ne regrette pas. Les jeunes gens et leurs professeurs Bruno Cousin et Hélène Dubois m’ont reçue avec mes poèmes, ils m’avaient lue (ce n’est pas toujours le cas !) et se sont montrés curieux de mon travail. Un jeune homme qui m’avait un peu expliqué son futur métier à la télévision m’a même sans le savoir remonté le moral (j’ai disons quelques soucis personnels, comme tout le monde) lorsqu’il a déclaré qu’il trouvait de la « fraîcheur » à mes propos : je ne m’attendais pas à un tel éloge, je crains parfois de radoter ou de ne pas savoir communiquer aux autres la nature de mon engagement en poésie – après quoi nous avons évoqué les grandes valeurs de la poésie que sont la mémoire (avec le grand « M » de Mnémosyne, Mère des Muses, dont le nom signifie précisément « Mémoire ») et la liberté. J’ai également cité la célèbre formule de Paul Valéry, selon laquelle « la poésie est une hésitation prolongée entre le son et le sens » avant de préciser que je penche quant à moi beaucoup du côté du son, ce qui donnait plein de sens et de bon sens à notre rencontre matinale ! L’après-midi ne fut pas moins heureuse et d’emblée partage avec un tour de table souriant des lycéens, le jaillissement de leurs questions, l’approche de certains de mes poèmes et de mon « activité traduisante » comme disait Mounin (la rencontre était préparée par la professeure de Lettres, Laurence Roelens, laquelle m’avait écrit en amont, ainsi que par la professeure d’Anglais Carole Claisse). Je suis repartie ravie de cette grande journée dans le Nord, après une visite guidée dans les ateliers où les maîtres des lieux me firent don d’une plaque et d’un porte-clefs à l’effigie du lycée : un « R » comme « Respirer », comme « Rencontre » ou encore « Rouzeau Remercier Rostand ».

Valérie Rouzeau

Saint-Ouen le 6 février 2008