vendredi 20 novembre 2009

Jeunes en librairie : Chez Meura

Les étudiants de la S.T.S Métiers de l’Audiovisuel (option Gestion de Production) se sont déplacés jusqu’à Lille ce Mardi 10 Novembre 2009 pour rencontrer Lilya Aït-Menguellet, co-propriétaire depuis peu de la librairie Meura avec Sophie Ranchy, afin de lui poser diverses questions sur le fonctionnement d’une librairie comme la sienne... Etudiants : Comment crée-t-on un livre ? Libraire : Il existe deux façons : soit c’est l’auteur qui en a l’initiative. Dans ce cas c’est lui qui contacte les maisons d’édition et signe un contrat avec elles. La maison d’édition fait ensuite une étude pour connaitre le coût du livre par rapport aux personnes qui interviennent dans son processus de création (mise en page, graphiste…). Soit c’est le responsable d’une collection qui passe une commande à un auteur. C’est généralement le cas en sciences humaines mais jamais en littérature. E : Combien de temps faut-il pour fabriquer un livre (impression, reliure, transmission) ? L : Une quinzaine de jours en général. E : Comment le livre arrive-t-il à la librairie? L : L’auteur dépose son manuscrit chez l’éditeur. L’éditeur décide de le publier ou non, si oui il le met à disposition. Le libraire passe sa commande à un diffuseur-distributeur qui lui présente un catalogue de livres. E : Y a-t-il des frais pour l’auteur afin de faire figurer son livre dans la librairie ? L : Pas du tout. La maison d’édition fait la promotion du livre et l’auteur n’a pas à payer pour publier son ouvrage, sauf s’il a des droits d’auteur à payer. E : Comment choisir un livre? L : Un représentant vient faire la promotion d’un catalogue d’ouvrages. Le libraire choisit les livres qu’il veut et de ce fait personnalise sa librairie. Alors qu’une grosse structure choisit les éditeurs par grille d’office. Les librairies indépendantes, contrairement aux grosses structures, ont l’obligation de garder un livre au moins 3 mois pour lui laisser plus de chance d’avoir du succès. Ensuite si le livre ne se vend toujours pas, elles peuvent le renvoyer à l’éditeur pendant 9 mois. E : De quoi dépend le prix d’un livre? L : Il dépend de la qualité de l’ouvrage, du nombre d’intervenants pour sa fabrication et s’il y a des droits d’auteur ou non. Le prix d’un livre est unique, qu’il soit en vente dans un magasin de grande distribution ou dans une librairie indépendante. De ce fait, on évite les pressions sur les librairies indépendantes qui sans cela pratiqueraient sans doute des prix moins compétitifs, comme c’est le cas au Royaume-Uni. E : A propos de la mise en page ? L : Les auteurs n’ont pas leur mot à dire, surtout en sciences humaines. L’éditeur préfère mettre toutes les chances de son côté. Mais il y a des cas exceptionnels où l’auteur peut refuser et changer d’éditeur. E : Comment monter une librairie indépendante ? L : Il n’y a pas de diplôme requis, mais il vaut mieux avoir de l’expérience et des connaissances en droit. Il faut d’abord faire une étude du lieu, des besoins, voir ce qu’on peut apporter, estimer les besoins informatiques, monter un plan de financement puis chercher les financements nécessaires auprès des banques. C’est sans doute la partie la plus difficile. Il faut avoir de la patience et de la ténacité. C’est le même processus que pour monter n’importe quelle entreprise. Quelle est la spécificité de votre librairie ? Nous sommes spécialisés dans les sciences humaines, c’est-à-dire la philosophie, la psychologie, le droit, les sciences politiques. Notre librairie attire donc plus particulièrement un public universitaire. E : Comment faire pour résister à la FNAC ou au Furet du Nord? L : Lille est un cas particulier car on y trouve ces deux grosses structures et une multitude de petites librairies indépendantes. C’est donc pour cela que ces dernières doivent se spécialiser et mettre en avant le rapport avec le client. E : Pourquoi y a-t-il une association des libraires indépendants ? L : Les intérêts sont de mieux se faire connaître, d’être plus visible, d’imprimer les sacs donnés aux clients, de faire des actions en commun. Mais cela permet surtout d’avoir plus de poids au niveau des institutions par exemple. E : Pour finir que pensez-vous du développement du livre virtuel? L : C’est plutôt bien pour certains types d’ouvrages comme les livres périssables, les livres scolaires qui sont remis à jour tous les ans et qui deviennent donc inutilisables. LIBRAIRIE MEURA 25 Rue de Valmy 59000 Lille Tél. : 03 20 57 36 44 Horaires : Lundi : 13:30 à 19:00 Mardi - Samedi : 09:00 à 12:15 13:30 à 19:00