dimanche 4 avril 2010

Christiane Veschambre nous répond

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Le 22 février 2010, je suis venue passer la journée au lycée Jean Rostand de Roubaix à l'invitation de Sylvie Dupuys, documentaliste, et de plusieurs professeurs: Samira Boulhais, Laurence Roelens, Evelyne Vandeerstraeten, Bruno Cousin, Bertrand Vuillerme.

"Passer la journée" n'est certainement pas la bonne expression pour dire ce que j'y ai vécu.

Je fus d'abord accueillie par un montage video croisant, rythmant musicalement l'apparition et l'éloignement de poèmes, issus d'un de mes livres, sur plusieurs écrans, un travail poétique réalisé par Isabelle Hufschmidt enseignante auprès d'une classe de seconde. Et la journée, pour moi, excéda ses limites "horlogères" convenues: chaque instant de rencontre - avec les lycéens et lycéennes, puis les étudiants et étudiantes, avec leurs professeurs - fut d'une intensité qui le dilatait comme ne peuvent l'être que ces moments où la "Vie (...) traverse notre vivable et notre vécu", ainsi que le dit Gilles Deleuze dont j'aime souvent citer cette phrase. Bien sûr, cela avait été rendu possible par le travail de lecture, de réflexion, élaboré auparavant, qui donne un corps aux interrogations portées par les questions, remarques de tous ceux qui avaient fait connaissance avec ce que j'écris.

Et puis, j'ai reçu un ultime cadeau: l'écoute, en avant-première, du travail d'enregistrement- par les étudiants en son- de la lecture - par des élèves de seconde - de Robert & Joséphine, mon dernier livre. Travail en cours, encore inachevé à ce moment-là, et qui me fit frissonner d'émotion: la très belle prise de son donnait aux voix des lecteurs et lectrices toute leur "chair", et ce que j'entendais, avec ses - comment dire? - rugosités dans le déroulement des poèmes, ses façons de "buter" un peu, parfois, sur les mots à venir, comme pour avancer sur un terrain un peu difficile, une terre non lisse, ce que j'entendis alors, je sus que c'était sans doute la lecture la plus "juste" qu'il me serait donné d'entendre de ce livre où l'aisance et le brillant ne pouvaient avoir de place, ne devaient pas avoir de place, mais au contraire quelque chose d'une "vérité" qui ne soit pas trop rabotée.

Merci à tous pour ce beau travail, si précieux.

Christiane Veschambre